Suivez les folles aventures de Raphaël et Élaine sur le chemin de St-Jacques de la Compostelle en Espagne!
dimanche 7 août 2011
Un sentiment persistant
Sur une autre note, arriver à Montréal était un grand plaisir: mes amis proches sont venus m'accueillir à l'aéroport et nous avons passé de bons moments ensemble depuis mon retour. Chaque personne que je revois me ré-enracine un peu plus dans ma nouvelle-ancienne réalité, mais aussi me remplit de joie car j'ai la chance d'être extrêmement bien entouré dans ma vie. Chacune de ces personnes a une grande importance dans ma vie, et je porte beaucoup d'amour à chacun d'eux, mais aussi j'ai une vision différente de chacun d'eux. Je sens que j'ai un peu moins besoin d'eux pour me sentir vivre. Je les aime autant, ça n'a pas changé, mais tout ce dont j'ai besoin émotionnellement est là en moi.
Tout cela est très positif, même si c'est teinté de la tristesse d'avoir terminé un si beau voyage, d'avoir quitté d'autres gens à qui je tiens, et qui sont des milliers de kilomètres au loin. Mais j'y retournerai. J'ai en bouche un goût de : "On revient quand?". Ainsi, à des moments plus difficiles dans ma vie, j'aurai toujours le choix de revenir en moi, et de voyager à l'intérieur: d'aller retrouver la simplicité et la joie du camino, de retrouver la quiétude et l'amour dans lequel baigne Lerab Ling ou de revoir des gens qui me manquent, que ce soit en Espagne, en France ou en Allemagne.
Voilà un été hors du commun qui me donne le sentiment d'avoir fait partie de quelque chose de tellement de plus Grand que moi. Comme s'il y avait une grande Oeuvre, dans lequel j'ai humblement ajouté mon petit coup de pinceau. Vous tous y avez contribué. J'ai eu le feedback de plusieurs lecteurs, parfois des gens à qui je ne m'attendais pas du tout, ainsi il doit y en avoir encore plus que je m'imagine et je ressens beaucoup de gratitude à votre égard. Tout au long de mon périple, c'est avec vous que j'avais un contact privilégié, et c'est avec vous que je me suis accroché à la rampe de mon propre escalier. Je vous remercie de cet intérêt que vous avez renouvelé et je ne peux que saluer votre affection par la mienne propre.
Il y a plusieurs d'entre vous que je n'ai pas encore revu, j'aurai la chance de partager avec vous de façon un peu différente mes impressions sur mon voyage ainsi que ma joie de vous revoir.
Ça sonne comme une fin logique pour ce blog, cet excellent outil de communication mais qui s'est avéré un exutoire et un moyen extraordinaire de revoir mon propre cheminement et de me découvrir moi-même.
Un grand merci à tous!
Thanks to everyone!
Muchas Gracias à todos!
Toukjé shyé!
Arigato Gozaimasu!
Danke Schön!
... et au revoir!
Raph
mardi 2 août 2011
Je dois rêver
Il n'y a pas de mots pour décrire mon sentiment présent. 2 mois et 10 jours en terre étrangère qui vont se terminer demain. Je pouvais comprendre à quel point un tel voyage était téméraire lorsque je l'ai organisé pour moi-même. Je ne pouvais certes pas réaliser l'ampleur d'une telle aventure. Au moment d'écrire ces lignes, un véritable cinéma défile dans ma tête avec toujours comme voix de fond la question: est-ce même possible? Je me souviens très clairement de ma première journée à Bordeaux, c'était bien moi mais je n'était pas la même personne. Tellement d'images, d'expériences, de rencontres, d'endroits, de réflections que je n'avais pas vus/faites et que j'étais appelé à faire.
Et dire qu'avant de partir, bien que l'excitation était à son comble, ce qui me concernait le plus était mes angoisses: comment vais-je marcher autant de km? Comment vais-je survivre autant de jours dans un temple? Ou comment ne pas me blesser lorsque je fais 6 h d'entrainement martial chaque jour pendant une semaine complète? Le plus difficile parfois est de faire le pas en avant, de sortir de sa zone de confort, d'entrer sans peur dans un nouveau monde où tout ce que l'on connait ne prévaut plus forcément, et dans mon cas il s'agissait aussi de le faire seul. Pour moi, une fois le grand pas en avant étant fait tout s'est placé de lui-même, j'ai été transporté par mon propre voyage, comme si je n'avais rien eu à faire de particulier pour avancer. Je crois que le grand bénéfice pour moi, comme c'est souvent le cas dans la vie, est provenu de cette sortie de ma zone de confort et d'être sorti de "mon petit monde".
Comment puis-je exprimer ma gratitude envers la vie, d'avoir eu l'opportunité d'un tel voyage?
Je vais vous écrire un dernier message une fois arrivé à Montreal, après avoir décompressé un peu.
Nb: Munich, la magnifique capitale de la province bavaroise d'Allemagne (Bavière/Bavaria/Bayern), m'a fait vivre des moments merveilleux. D'abord la ville est un grand plaisir à visiter; les bâtiments sont probablement les plus beaux que j'ai vu de tout le voyage. L'histoire y est riche, et toujours très présente dans la culture. Par exemple il n'y est pas du tout anormal de porter les habits traditionnels bavarois (notamment pendant l'oktoberfest); un veston et pantalon de cuir pour les hommes, une robe ayant manches ainsi qu'une sorte de tablier carrelées bleue et blanc ou rouge et blanc. Il y a aussi les différents monarques de leur histoire qui ont une présence emblématique dans la ville. Les bavarois sont un peu comme les
Québécois. Leur propre culture, traditions, dialecte, spécialités gastronomiques, et ils boivent passablement d'alcool! (surtout de la bière, et de la bonne!)
Ensuite, Munich m'aura permis de passer de précieux moments avec Isabel, mon amie de Compostelle. Je garde à présent des souvenirs inoubliables de cette dernière escale européenne sur mon parcours.
À très très bientôt tout le monde!
Raph
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mercredi 27 juillet 2011
Le Budo
C'est dans un site enchanteur et en excellente compagnie que je vous écrit ce message. Ça va bientôt faire trois jours que je fais les 6 heures d'entrainement quotidiennes. Le travail est en souplesse, il n'y a donc pas de problème.
Voir à l'oeuvre sensei Floquet (peut-être dira-t-on un jour o sensei pour grand maitre) est un grand honneur en soi. C'est le fondateur, le génie créateur; celui qui a donné une forme à tout ce qu'il a pu extraire de la tradition japonaise à partir d'éminents maitres tels que Minoru Mochizuki, Takeda Tokimune, Sugino Yoshio, etc. Il a donné une forme et a crée un mouvement humain, qui a évolué en même temps que son art. Cet art, appelé Aikibudo, qui part de l'essence du budo japonais, la voie du guerrier, et qui se traduit aujourd'hui par un art de paix, tout en conservant l'essence martiale.
C'est un privilège pour moi de me retrouver en pareil environnement, entouré par ceux qui ont tant contribué à développer l'Art avec pour principale motivation le partage de cette tradition, dans une atmosphère de fraternité.
Je vous fait grâce du contenu spécifique des cours. Ceux qui font (ou feront) de l'aiki en auront un petit aperçu à mon retour.
Arigato gozaimasu pour votre intérêt renouvelé au fil des semaines :)
Raph
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samedi 23 juillet 2011
Pas d'inquiétude!
Je me sens bien, bien que sur un beat toooooootalement différent ( c'est peu dire!) des gens autour de moi.
Je voulais surtout vous avertir pour ne pas vous inquiéter, il est très probable que vous n'ayez aucune nouvelle de moi d'ici au 30 juillet, car je ne crois pas qu'au centre d'arts martiaux on aie accès (facilement) à internet. Peut-être que je me trompe!
Si c'est possible, je vous ferai parvenir des nouvelles à mi-parcours de la fameuse semaine d'entrainement qui m'attend.
Meilleurs voeux à tous!
Raph
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Une nouvelles étape franchie
Si j'ai eu de la difficulté à m'adapter en arrivant à Lerab Ling, il n'en reste plus une trace à ce jour. Je quitte en ce moment Lerab Ling avec beaucoup de tristesse... Je serais resté plus longtemps! Les conditions de vie n'y sont pas idéales (camping avec tout ce que cela implique) mais il n'y a pas meilleur endroit pour juste être bien avec soi-même... Vraiment!
Un peu à la manière du Camino, voici une petite liste de ce que cette aventure intérieure m'a offerte, ou de ce que j'en ai apprécié durant mon séjour.
Une occasion de plus de me connaitre, sans m'identifier à des concepts
Un approfondissement de la méditation, une compréhension plus réelle (moins conceptuelle) de ce que veut dire "seulement être"
Beaucoup d'attention à tout ce que je fais
Une vision beaucoup plus vaste de comment prendre soin des gens autour de moi
Quantité de discipline
Beaucoup d'amis encore une fois! De partout dans le monde encore une fois!
Une occasion de rencontrer des gens qui ont longtemps parcouru "le chemin"
Voir à l'oeuvre les lamas, qui est très spécial en soi.
Baigner à tout moment dans une atmosphère très positive (même sacrée)
Un goût de revenez-y!
... Et beaucoup plus
Cela dit, toute bonne chose a une fin et dans mon cas il semblerait: une bonne chose n'attend pas l'autre! Direction de la voie du guerrier. Le samurai sans peur, celui qui fait les choses en pure plénitude, c'est lui que je vais aller trouver en moi à Temple-sur-Lot pour le stage d'aikibudo, qui va durer 5 jours, jusqu'au 29 juillet, qui est aussi la date de mon départ en soirée vers l'Allemagne.
À bientôt!
Raph
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mardi 19 juillet 2011
Dans un bain de bouddhisme
Me voici à présent dans la retraite de méditation, avec des étudiants en général plus néophytes. Alors qu'à la retraite antérieure (ngöndro) les pratiques sont plutôt des visualisations puissantes pour calmer et purifier notre esprit, j'entre dans un cycle d'enseignements que je connais beaucoup plus. Cela concerne le contentement (comprendre que le bonheur provient surtout de notre propre esprit plutôt que des circonstances extérieures) , la compassion ( ses bénéfices pour soi et les autres) , cultiver les émotions positives ( comment le faire) , ce que la meditation apporte en general comme bienfait, comment la pratiquer, etc.
Je crois qu'un de mes défis est de garder "l'esprit du débutant" devant des enseignements qui peuvent parfois sembler si simples, mais que l'on a parfois tant de mal à appliquer dans notre vie. Je me rends compte à quel point la compréhension conceptuelle n'est que très factice, et à quel point la compréhension réelle ( ou la réalisation) provient de notre capacité à vraiment le mettre en relation avec notre vie, et l'appliquer. Par exemple, beaucoup de gens connaissent et honorent la vie de Jésus, mais combien vivent leur vie vraiment comme lui, malgré que ses enseignements sont plutôt simples, et que les suivre sont tout à notre avantage, et surtout, que nous avons tous le même potentiel que lui...
De la même façon, le bouddha historique a enseigné une méthode extrêmement directe pour se rapprocher de ce qui est nul autre que notre propre nature, et la même que la sienne (ou que Jesus). C'est une grande chance d' avoir des exemples vivants de cette réalisation, comme le dalai-lama, qui, bien que son peuple soit opprimé depuis des décennies par le gouvernement chinois, continue de prôner la non-violence et la compassion à l'égard des chinois.
Tout ça pour dire que je baigne dans une atmosphère très positive, que je pratique le contentement, celui d'être bien avec soi en toutes circonstances, même si vous me manquez tous beaucoup. Je considère qu'il n'y a pas de plus précieux cadeau que d'avoir l'opportunité de faire ce voyage et que cela aura été profondément bon pour moi, pour ma vie, et mon futur.
Bien vôtre
Raph
Ps: petites "blagues à part" que nous a partagé Rinpoché. Je vais tenter d'en faire une traduction juste.
1. Knowledge is to know that a tomato is a fruit... And Wisdom is to know not to put tomato in the fruit salad.
La connaissance c'est de savoir qu'une tomate est un fruit... et la sagesse c'est de ne pas en mettre dans la salade de fruit.
2. Light travels faster than sound, that's why some people look very intelligent... Until they speak.
La lumière voyage plus vite que le son, c'est pour cela que plusieurs personnes paraissent très intelligentes... Jusqu'à ce qu'elles ouvrent la bouche.
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jeudi 14 juillet 2011
L'enseignement des maitres
Pour mon petit ajout d'aujourd'hui, je veux vous raconter un peu ce que l'on a tous vécu hier à Lerab Ling.
Un lama tibétain a été invité à nous enseigner sur le sujet du lojong (méthode d'entrainement de l'esprit). Il s'appelle Dzigar Kongtrul Rinpoché, un petit bonhomme aux cheveux longs attachés et qui a su (incroyable mais vrai) agencer un chandail orange Lacoste avec un par dessus de robe tibétaine (rouge) à la manière des maitres du passé. Il m'a fait une forte impression, rarement ai-je vu de sourires plus radieux, un homme qui respire la santé physique et mentale.
Son enseignement était extraordinaire. Avec des mots si simples, et une lenteur calculée il m'a fait comprendre mais surtout ressentir des points de l'enseignement bouddhiste comme jamais auparavant. Notamment: l'origine de notre insécurité, la sagesse de la vue du shunyata (vacuité) pour ceux à qui cela parle, ainsi que l'humour inhérent à sa réalisation, La compassion et les bénéfices réels de la cultiver, etc.
La deuxième portion de l'enseignement devait se dérouler de 19h30 jusqu'à 21h30. À l'approche de la fin, il dit: ah! C'est vrai il faut commencer à parcourir le document! (sous forme de versets sur le lojong) il récitait en tibétain, la lectrice poursuivait en anglais. Le texte (il faut le dire) était relativement plate. Sans l'once d'un petite pointe d'éventuel malaise, il poursuivit ainsi jusqu'à 23h30! Le lama était sur le décalage horaire... Et n'a montré aucun signe de fatigue contrairement à nous tous qui déséspérions de pouvoir nous coucher (ou au moins changer de position). Sans se déconcentrer une seule fois il a poursuivi son enseignement. Arrivé à la fin, le déluge total dehors (ma première journée de pluie de tout le voyage doit-je mentionner) arriva au moment même où il eut terminé. Pas juste une petite pluie, il tombait des cordes et il tonnait à souhait. Je n'ai vu chez tous les pratiquants que de l'humour à la vue de cette éreintante ironie du sort. Nous étions complètement protégés de notre négativité par l'atmosphère de l'enseignement (du moins c'est la perception que j'en ai eu!).
Je suis impressionné je dois l'avouer, et il faut voir les lamas à l'oeuvre pour saisir vraiment comment ils sont, comment ils agissent, toujours par amour. D'ailleurs c'est ce qu'on ressent quand ils passent à côté de nous.
Qu'y a t-il à ajouter? Pas grand chose, à vous de vous faire votre propre opinion sur tout ceci. Je vous encourage à venir le voir par vous-mêmes ceci dit!
Gute nacht, temps de me coucher à présent.
Raph ;)
(écrit le 13 juillet au soir)
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lundi 11 juillet 2011
L'amour qui parle
Il y a de ces moments qui sont précieux par dessus tous. Ceux qui, sans qu'on comprenne vraiment pourquoi, nous élèvent et nous nourrissent plus que toute autre chose dans la vie. Le plus incroyable (littéralement) est que ces moments sont en nous et qu'il nous suffit de prendre le temps pour s'y reconnecter... Et nous y voilà.
De l'amour, beaucoup d'amour. Pas besoin d'une raison, pas besoin de le comprendre, juste de l'amour... Et la sensation que tout est ultimement parfait comme il est. Le plus grand amour est dans l'acceptation de ce qui est, simplement comme il apparait.
Je pense à vous, je pense à vous heureux.
Raph
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jeudi 7 juillet 2011
Face à soi
Internet est désormais beaucoup plus accessible, le défi n'est plus d'avoir accès à vous, c'est de ne pas me laisser distraire par internet, pour cette raison je vais limiter mon accès au Net. Voici quand même ce qui se passe en ce moment dans la continuité de mon "Camino".
Autant je voyais cette retraite à Lérab Ling avec une grande hâte, autant j'ai eu de la difficulté en arrivant. Ce n'est pas tant d'habiter une minuscule tente pour 20 jours, ou ne pas changer d'endroit, réciter des prières en tibétain, ou quoi que ce soit du genre qui m'a rebuté et donné de la difficulté, c'est de savoir que plus que jamais dans ce voyage et dans ma vie, je serais face à moi-même, je n'aurai rien pour m'en distraire réellement.
Je vous rassure, un bel émoi a emplit mon coeur en arrivant ici. Le temple, le site, les gens, le maitre, tout resplendit de magnificence et de majestuosité, et cette morosité qui m'accablait n'a pas su résister aux enseignements incroyables et à l'humour singulier prodigués par Sogyal Rinpoché aujourd'hui. Petit ajout, pour ceux à qui ça parle, je crois que mon sentiment de résistance et de dégoût provenaient de cette incroyable aura qui règne ici et particulièrement autour de Sogyal Rinpoché. Ne vous trompez pas, cette atmosphère est particulièrement positive, seulement elle "attaque" cet attachement à l'égo (celui qui résiste au changement, qui fonde nos peurs, celui qui prend pour acquis nos possessions matérielles, celui qui cherche à tout contrôler, tout avoir sans jamais être satisfait, etc.) créant ce malaise, car cet égo qui est le nôtre n'aime pas trop qu'on l'oublie et qu'on cherche à le transcender . Je crois que mon corps aussi avait besoin de s'ajuster à tout ça, lui qui m'a fait sentir des épisodes carrément nauséeux en arrivant et un peu le lendemain, sans avoir d'autres causes que je peux facilement relier à tout ça. Fort heureusement, je n'ai pas eu droit à la "totale" cette fois, mon estomac s'est calmé.
Les prochains jours seront très spéciaux, on entre tranquillement dans le vif du sujet de ce qu'on appelle le ngöndro, je sens que ce seront de précieux moments, intenses de surcroît.
Paix et Amour
Raph
Ps: ne vous surprenez pas en temps venu. Je vous annonce une super nouvelle. Je me suis fait une très bonne amie entre Santiago et Finisterre dont je ne vous avais pas encore parlé. C'est une allemande appelée Isabel. Elle m'a invité chez elle à Munich. J'ai booké un vol à l'avance pour le 29 au soir à partir de Toulouse ( c'est moins de 100 euros, c'est très peu cher un billet entre les différentes villes d'Europe, surtout quand on s'y prend à l'avance) et je vais revenir le 2 à Toulouse pour prendre mon vol de retour à Bordeaux le lendemain...
L'allemagne!! :) :)
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mardi 5 juillet 2011
Bonjour a tous
n'est pas prêt encore alors il ne fut pas facile de vous transmettre
ce message. Je tacherai de vous en écrire un plus complet d'ici 5
jours environ.
Je vous souhaite la meilleure des semaines.
Raph
dimanche 3 juillet 2011
Google Maps
http://maps.google.ca/maps?source=mog&gl=ca#bmb=1
Demain je vais à Lerab Ling, le temple tibétain où je passerai 20 jours.
Je devrais pouvoir vous contacter et continuer d'alimenter le blogue. Il est marqué sur le site que l'on n'a pas accès à Internet là-bas. Cependant j'ai contacté Danielle qui m'a dit qu'il y avait un point d'accès wifi (elle y a passé trois ans, j'aurais tendance à la croire ;) )
Demain je prends l'autobus à 11h30 à la gare d'autobus de Montpellier, je devrais vous envoyer un message à mon arrivée pour vous confirmer que tout est bien.
À bientôt!
Raph
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Google Maps
Voici un lien me situant actuellement. À défaut d'avoir spot :)
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vendredi 1 juillet 2011
Changement de parcours
Fin du Camino! Me voilà à présent dans un hôtel semi-miteux mais convenable à un pèlerin endurci, le tout près de la gare de train de Montpellier. La ville est magnifique, ça bouge beaucoup en ce vendredi soir. Il me reste une certaine quantité de trucs à régler avant d'arriver à Lérab Ling, plusieurs ont été faites ce soir, mais il me reste encore à m'acheter une tente et un matelas de sol pour dormir sur le site du temple tibétain.
Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, tout baigne pour moi. :)
Raph
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Rétrospectivement ce que le Camino m'a apporté
Mes journées vers Finisterre m'ont permis de décanter et réfléchir sur ce que le Camino m'a apporté.
Force mentale et physique
Courage devant l'adversité
Présence, vigilance, spaciosité
Cessation du jugement de ce que je dis/fais/pense
Ouverture sur moi-même et sur le monde
Apprentissage de l'Espagnol
Santé physique et mentale
Une liberté comme jamais auparavant
Du temps pour prendre soin de moi
Rencontres avec soi et autrui
Immersion en nature
Beaucoup d'amis
Paix, Joie, lumière, discernement
Un accomplissement personnel (une fierté)
Du plaisir et des rires en quantité
De l'amour, de la douceur
Des merveilles plein les yeux
Du nouveau vécu
Un rapprochement avec mon Père
Une appréciation des symboles
Le camino m'a apporté ce dont j'avais réellement besoin dans ma vie. Je ne peux qu'en être pleinement reconnaissant.
Raph
(écrit le 29 juin)
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Le pouvoir d'un symbole
Oublions toute notion de l'histoire et de l'énergie que peut contenir le Chemin de st-Jacques. Qu'en reste-t-il? Un simple symbole. Pourquoi les pèlerins tiennent -ils tant à arriver à la Borne 0.00km de Finisterre?C'est un symbole, et c'en est un puissant puisque la plupart des gens qui y arrivent ont au moins 500 km de marche dans les jambes, avec comme destination le fameux Cap.
La Cruz de Ferro est un bon exemple pour moi. J'ai pu y déposer mon fardeau en toute simplicité sans un retour en arrière. Un symbole peut comporter une grande puissance, admettant que ceux qui en bénéficient y accordent de l'importance.
Je crois que, dans la vie, il y a un grand avantage à utiliser des petits symboles, pour un deuil par exemple, ou des petits rituels, tout simplement parce qu'ils permettent d'utiliser le mental humain (appelons-le ainsi) dans une direction précise.
L'action de donner un cadeau perd facilement son rôle de symbole je trouve. Il devient rapidement un automatisme ou une obligation et perd son acte de symbolisme. Je crois que c'est un des premiers symboles que j'aimerais m'attarder à appliquer de façon plus vraie.
Raph
(écrit le 29 juin)
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mercredi 29 juin 2011
Vers la fin de la Terre
Le camino de Santiago a commencé au 9e siècle lorsque furent découverts les restes de l'apôtre St-Jacques non loin de là et qu'une cathédrale commença à être érigée en son honneur. Ça c'est la version officielle. Cependant, connaissant la propension de l'Eglise catholique de s'approprier des traditions païennes afin de les convertir, voici une autre version de l'histoire, racontée par plusieurs pèlerins mais en particulier un vieil allemand appelé Klaus, qui en savait pas mal sur le sujet. J'ai marché avec lui au début du chemin mais ce qu'il m'a raconté m'a suivi jusqu'à la toute fin.
Ce chemin, le camino de Santiago est depuis plus de 4000 ans avant Jésus-Christ, un chemin spirituel qui devait mener jusqu'au bout de la terre. En effet, les druides et praticants de cultes païens ont érigé plusieurs lieux de cultes sur le long du chemin, christianisés en construisant de petites chapelles. La Cruz de Ferro est un bon exemple de lieu rituel très important, depuis des milliers d'années, que s'est approprié l'Église. Je n'ai pas tout compris sur le sujet mais Klaus m'expliquait qu'il y avait un lien entre le Camino et Stonehenge.
Ce chemin a su garder son penchant spirituel pour qui veut bien s'y attarder. Il est facile, même sur un tel pèlerinage, de se laisser happer par ce qui distrait notre esprit de nous-mêmes, et ça a été souvent mon cas, mais je regarde le Chemin parcouru et je constate le bénéfice du changement.
Je me sens privilégié d'avoir fait partie d'une si Grande Oeuvre, celle du Cheminement de l'homme.
(écrit le 27 juin en arrivant à Fisterra après être passé à Muxia)
Raph
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Homme cherche son fidèle compagnon
Je ne parle pas d'un chien mais bien d'un petit gadget appelé SPOT qui faisait un pont supplémentaire à travers l'Atlantique jusqu'à vous en envoyant ma position GPS à ma famille et certains de mes amis.
J'ai fait l'erreur d'une trop grande confiance en l'honnêteté de tous. Je l'ai laissé pas trop loin sur une table d'une albergue (à l'extérieur, pour que le signal prenne). Ça prend généralement 20 mins envoyer le signal. Ainsi l'ai-je oublié pour 2-3 heures, le temps de souper avec mes amis pèlerins, pour ne jamais le retrouver par la suite. Je pensais que quelqu'un l'aurait rapporté à l'Hospitaleros, ce n'était pas le cas...
Désolé pour l'inquiétude que ça a pu causer de ne pas recevoir les messages de spot. Désormais il faudra attendre les messages de blogue (parfois facebook) pour avoir des nouvelles de ma part.
Bonne continuité à tous!
(écrit le 28 juin)
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mercredi 22 juin 2011
Le retour/l'arrivée des Guerriers
Marcher vers Santiago hier a été un réelle partie de plaisir. La petite bande était inséparable à quelques heures du grand moment. D'habitude quand vient le temps de la marche, tout le monde prend son rythme ou marche en duo. Je crois que tous voulaient goûter cette atmosphère bien spéciale qui règne dans cette communauté qui fut formée par le Camino.
Marcher les cinq derniers km dans la ville me faisait penser aux guerriers qui reviennent au village victorieux, car nous avons tous été des guerriers à notre façon pendant ce périple.
Nous nous sommes levés à 5 heures pour aller à la messe de la cathédrale à midi. Messe qui, d'ailleurs se révéla étonnament émouvante. Nous avons fait les rituels usuels: visiter les reliques de l'apôtre de Jésus, St-Jacques, enlacer la statue de ce dernier, nous avons été chercher la fameuse "compostella" document en latin attestant notre accomplissement du pèlerinage de Compostelle. (en passant, mon nom en latin est Raphaelem!)
Le plus beau dans ma journée ce n'était pas la magnifique cathédrale de Santiago, ni la ville, ni la compostella, c'était les pèlerins. C'était ces moments touchants de retrouvailles, les félicitations de chacun, la lueur au fond de leurs yeux, le paysage de leurs perceptions des dernières semaines défilant de façon apparente dans leur regard.
J'ai aussi retrouvé des gens que je pensais peut-être ne jamais revoir, à commencer par... Johannes! Ca faisait deux jours qu'il était arrivé (ouf!), quel bonheur de le croiser en sortant de la messe!
Ainsi s'achève la première partie de mon aventure. Pour moi tout cela ne sonne encore que comme un début, et la suite ne saurait attendre longtemps... Demain j'entame un périple relativement ardu de trois jours vers Finnister.
Buen Camino alias, c'est pas fini!
Raph
P.s.: j'aimerais remercier particulièrement Mathieu, mon frère, pour son cadeau de Noël (un livre) à mes 19 ans: Le pèlerin de Compostelle de Paulo Coelho. Cela m'a permit de découvrir l'existence de ce périple et d'en avoir un avant-goût. Merci ;)
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mardi 21 juin 2011
500 km
Il y a de ces choses qui se comptent et d'autres qui ne se comptent pas.
500 km
23 jours
5 ampoules
15 frères et soeurs
5 cathédrales
4 tubes de dentifrice (2 perdus!)
3 châteaux
5 provinces
15 traitements
3 rasoirs
2 cours d'aiki préparés
15aine d'entrées de blogue
22 levers de soleil
9 phrases apprises en Coréen
X larmes
X souvenirs
X sourires
X doutes
X câlins
X cafés con leche...
X e-mails d'encouragement
X amis
X pas
X émotions
X leçons de vie
Je vous embrasse
Raph -XXX-
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Au crépuscule
Ce sont des moments bien particuliers. Pendant que tout le monde susurre un doux "zzzzzz" autour de moi à l'albergue, je prends le temps de faire le point sur mon voyage. C'est ma dernière nuit avant Santiago...! Il y a de la fébrilité dans l'air. Le groupe, qui au départ ne contenait que Valter (brésil), Adrienne (hongrie) unjeung ( coréenne) et Odette (québec) a tranquillement grossi jusqu'à devenir 15 personnes! 15 Frères et Soeurs, 15 amis qui savent qu'ils se sépareront très bientôt. Certains s'arrêtent à Santiago, d'autres continuent jusqu'à Finis Terra. Certains prennent une journée de repos ou plus à Santiago, d'autres pas. Ainsi va la vie. Tous regrettent de devoir se quitter, mais tous reconnaissent la magie qu'ils ont vécu au sein de cette extraordinaire fraternité.
Certains ont marché plus de 75 jours à partir de Puy-en-Velais, comme Odette (70 ans!!!!! Et 1650 km!!!) d'autres comme Henri (belge de 22 ans) a pris du temps libre pour marcher environ 10 jours. Tous ont vécu le chemin différemment, et tous vivent l'arrivée de façon aussi diverses, mais je peux dire à coup sûr que tous s'ennuieront du Chemin.
Personnellement, je n'avais pas prévu Ça. Je ne pouvais certainement pas prévoir Ça. Je me rappelle que l'on m'avait dit que le chemin nous apporte ce dont on a besoin, et je me rappelle toutes sortes d'idées que j'avais sur ce que ça m'apporterais, nulles d'entre elles ne s'avéraient totalement juste, mais je peux confirmer que le Camino m'a bel et bien apporté ce dont j'avais besoin. Peut-être le mentionnerai-je subséquemment avec un peu plus de recul, pour l'instant je vais garder cela pour moi.
Je ne sais pas ce que me réserve Santiago demain, comme je ne pouvais pas le savoir auparavant, ainsi tâcherai-je d'acceuillir chaque moment comme un cadeau (le Présent!) de garder le meillleur de chacune des personnes de qui je me séparerai, d'avoir les meilleures images des visages qui resteront gravés dans ma mémoire et bien que ce soit la fin d'une grosse étape....
....C'est pas fini! Ce n'est que le début de mon Camino, il me reste Finisterra, Tolède, Montpellier, Lérab Ling, Temple-sur-Lot... On va commencer par Santiago :)
Ultreia! (toujours plus loin!)
Raph
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dimanche 19 juin 2011
La force de la communauté
Toujours avec le même groupe... Qui grossit. J'apprends à connaitre les différentes personnes avec qui je voyage. Il y a tellement d'Amour, d'humour, de respect, de partage. Aujourd'hui on a été aux petits soins avec Jacqueline (qc), Sonya (allemande) et moi qui sommes tous tombés malades. La théorie la plus probable est l'intoxication alimentaire, à cause du poulet qui n'était pas assez cuit. Sans entrer dans les détails, disons que toute forme d'aliment dans mon corps est sorti par le mauvais trou. Je suis présentement très faible, mais je vais mieux que tout à l'heure. Pas de panique, on a trois infirmiers (Odette, Gérard et Rosaly) et un Shaman (Walter) avec nous, qui ont été très très bon pour nous. On a pris un taxi aujourd'hui, on a rejoint le groupe à l'Albergue de San Xulián.
Bien que le physique ne suive pas, le mental va très bien. Je remercie le ciel d'être si bien entouré pour vivre cette épreuve. Je me sens en paix: avec ma souffrance, en paix avec moi-même et je ressens beaucoup de gratitude pour la petite famille que l'on a mis sur mon chemin.
Je vais de mieux en mieux, je vais probablement reprendre le taxi demain, je vous en donnerai des nouvelles.
Je ne sais pas se qui vient cette phrase...
"Tout seul on va vite, Ensemble on va loin"
(18 juin)
Addition du 19 juin
Me voilà arrivé à Melide, après avoir marché 12 km! Je me sentais plutôt bien ce matin et j'ai décidé de marcher la moitié de la distance prévue aujourd'hui. J'ai une énergie surprenante mais je suis un peu étourdi. Je crois même que je serais capable de continuer mais je ne "pousserai pas ma luck". L'autobus arrive dans une heure. Après cela il ne me restera plus que deux petites journées de 20km avant l'arrivée à Santiago.
Je vais prendre une pause à Santiago de Compostella pour 2 jours, après quoi je continue jusqu'à Finis Terra.
Merci pour vos merveilleux messages d'encouragement.
Raph
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jeudi 16 juin 2011
La sagesse: chemin et destination
Une pensée particulière m'a accompagné le long du chemin aujourd'hui.
Personne, pas même le maître le plus réalisé du monde ne peut te faire apprendre quelque chose, jamais il ne pourra le réaliser et le manifester pour toi. Il en est de même pour tout professeur, qui ne peut pas apprendre pour ses élèves. L'élève doit apprendre lui-même ce qui est démontré. Dans le cas de la recherche intérieure, personne à part soi-même ne peut la faire. Il n'y a d'autre choix (dans le cas d'enseignements reçus sur le sujet) que de critiquer, apprécier un enseignement puis de le mettre en application. Après avoir examiné soigneusement ses résultats, on peut bien plus aisément comprendre le sens de ce qui est enseigné. Je crois que ce qui aura eu le plus de valeur à la fin est le temps investi à critiquer/apprécier mais surtout à mettre en application un enseignement et c'est de cette base que devrait naitre la compréhension/sagesse. Quelle valeur y a-t-il à gober tout rond des paroles de sages. On a peut être raison quand on en parle conceptuellement, mais il m'appert que la vérité se vit plutôt qu'elle ne s'intellectualise. Je trouve que cela se rapproche beaucoup du dicton qui dit que le Chemin est tellement plus important que le point d'arrivée, ou du moins cela m'aide à en saisir plus profondément le sens. Je suis sûr que St-Jacques de Compostelle ne m'en veut pas que je dise ça, bien au contraire en fait.
Tout cela semble si simple lorsque c'est dit ainsi, mais si je sens le besoin de l'écrire de la sorte, je crois que c'est parce que ma compréhension s'en est approfondie.
Mes pensées d'amour et d'amitié caminent vers vous à tout instant. :)
Raph
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mercredi 15 juin 2011
Une redécouverte
"Well I left my happy home to see what I could find out
I left my folk and friends with the aim to clear my mind out
Well I hit the rowdy road and many kinds I met there
Many stories told me of the way to get there
So on and on I go, the seconds tick the time out
There's so much left to know, and I'm on the road to find out
Well in the end I'll know, but on the way I wonder
Through descending snow, and through the frost and thunder
Well, I listen to the wind come howl, telling me I have to hurry
I listen to the robin's song saying not to worry
So on and on I go, the seconds tick the time out
There's so much left to know, and I'm on the road to findout
Then I found myself alone, hopin' someone would miss me
Thinking about my home, and the last woman to kiss me, kiss me
But sometimes you have to moan when nothing seems to suit yer
But nevertheless you know you're locked towards the future
So on and on you go, the seconds tick the time out
There's so much left to know, and I'm on the road to findout
Then I found my head one day when I wasn't even trying
And here I have to say, 'cause there is no use in lying, lying
Yes the answer lies within, so why not take a look now?
Kick out the devil's sin, pick up, pick up a good book now (Repeat x 2)
Yes the - answer - lies - within, so why not take a look now?
Kick out the devil's sin, pick up, pick up The Good Book now!"
On the road to find out - Cat Stevens
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Nouvelles nouvelles
Me voilà en Galice, j'approche tranquillement de la destination. Depuis Astorga, là où je me suis rendu en train via Léon, je suis devenu l'humble témoin de la splendeur de la nature. Je suis personnellement friand de montagnes et disons que je suis servi. Les paysages sont tout simplement époustouflants, surtout après 5 jours de la "meseta" qui est constitué de paysages plats et, au dire de la plupart (m'incluant), pas mal moins intéressant.
Après avoir voyagé 3 jours avec Johannes, ca fait maintenant 3 jours que je me promène le plus souvent seul, mais que je retrouve, le soir venu des compagnons avec qui je me suis lié d'amitié. Il y a Gérard, un français, unjeung lee, coréenne, Jose walter, un brésilien, Odette, une québecoise et quelques autres que je retrouve de temps en temps. J'ai l'impression d'avoir pris un autre rythme, un autre style de vie. Il y a une certaine fatigue qui s'est accumulée mais le corps tient bon.
Hier, j'ai eu la chance de visiter O Cebreiro, un village contenant 9 maisons, situées à 2000 m d'altitude, où un miracle s'est apparemment produit, au 14e siècle. Un jour de forte tempête de neige, un bonhomme a marché une bonne distance jusqu'à l'église située tout en haut pour aller, comme d'habitude à la messe. Le prêtre pensa "pas brillant d'avoir fait toute cette distance pour un peu de pain et de vin" et il est dit que le pain se transforma en chaire et le vin en sang. Les reliques sont conservées mais je ne sais pas où.
Je vous écrit depuis un café à Triacastela et je constate les quelques différences culturelles en Galice, notamment qu'ils servent du paprika au lieu du poivre... attendez c'est pas du paprika... Et ca brûle!!!
Buen Camino!
Raph
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Le flot du temps, le flot du Camino
Incroyable comment le temps nous glisse des mains à chaque seconde qui passe. On voudrait parfois tout arrêter, toujours conserver les mêmes habitudes, avec les mêmes personnes. On voudrait cesser de vieillir, garder les mêmes amis, rester amoureux toujours comme au premier six mois. On voudrait que la vie dure éternellement...
Tout aussi incroyable les gens qui ont défilé dans le paysage de mes perceptions, qui ont sillonné les méandres du Chemin à mes côtés, qui ont laissé des marques indélébiles dans cette vallée mnésique que constituent mes souvenir. Tout à fait incroyable quand on se rend compte qu'on ne les reverra peut-être jamais, alors qu'au dernier moment nous étions dans la certitude de se croiser à la prochaine borne. Incroyable comme je dois sans cesse m'adapter aux impondérables du chemin. Incroyable qu'il ne me reste que 7 jours de marche avant Santiago...
Une fois de plus, sur le Camino, comme dans la vie, se révèlent les difficultés et les joies de la vie mais en accéléré. Chaque fois que je dis au revoir à un pèlerin au moment de se séparer, je me demande si j'ai traité cette personne comme si je la voyais pour la dernière fois. C'est un défi en soi, et un apprentissage pour la vie.
Je me retrouve aussi confronté à ma propre impermanence et celle de la vie que j'ai toujours menée. Je pense à cette incroyable quantité de gens que j'ai connu et que je ne reverrai pas, certains que je pensais revoir bien souvent. Je pense à mes amis, avec qui tout change toujours un peu. Je pense à tout ces gens que je ne veux même pas imaginer perdre et qui s'en iront un jour. Je pense à mon propre temps sur Terre, et à ce je veux Accomplir dans cette vie, et au temps qui ne prends jamais de pause.
J'ai le choix d'y résister, à ce flot, de me frustrer de chaque bas perdu dans le lavage et séchage commun des pèlerins, de me plaindre pour chaque douleur ressentie, d'idéaliser une étape du chemin qui ne reviendra pas avec des pèlerins qui ne reviendront pas, tout comme je peux ignorer l'imminence du changement. Bien souvent cette réaction de ma part arrive sans que je m'en rende compte, mais le Camino a ça d'extraordinaire, je me vois agir et je m'observe penser plus que d'habitude, si bien que j'oriente ma pensée vers l'autre "solution":
Ainsi, j'ai aussi le choix de voir tous ces changements comme une danse, un spectacle perpétuel où chaque mouvement effectué n'est pas mieux ou pire que le dernier ou que le prochain mais qui recquiert, pour être totalement apprécié, une complète Attention de ma part.
Le flot nous emporte à coup sûr, simplement je préfère ne pas nager à contre-courant...!
À la prochaine danse!
Je vais me coucher, hasta mañana!
Raph
(écrit le 14 juin)
(édité le 15 juin)
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dimanche 12 juin 2011
L'exercice de la solitude
Johannes( prononcer Yoanès), dans sa délicatesse, m'a demandé ce matin ce que je préférais entre marcher ensemble ou seul aujourd'hui. Quelle difficulté pour moi de lui demander vraiment ce dont j'avais envie: de la solitude. Par attachement, par peur d'être jugé ou par crainte d'une mauvaise réaction d'autrui devant un choix purement légitime, j'aurais même pu devenir désagréable par envie de solitude, et le tout, auto-induit.
Ainsi ai-je "caminé" seul de chez seul aujourd'hui. Seul devant soi, seul devant le gouffre qui s'ouvre à nos pieds. Le gouffre de l'absence de cette reconnaissance et de l'amour que l'on cherche souvent chez autrui, afin de se sentir exister. C'est aussi ce gouffre qui fait jaillir le doute; le "qu'est-ce que je fais ici, moi?".
Aujourd'hui était une journée très difficile physiquement et mentalement, mais il y a quelque chose de merveilleux qui s'est produit: aujourd'hui j'ai fait face à mes maux, ceux du corps, ceux du coeur. Aujourd'hui je me suis observé dans ma souffrance mais aussi dans mon courage. Aujourd'hui je me suis appuyé sur moi-même pour continuer, pour m'aimer, pour m'écouter, pour me comprendre.
Je sais qu'on prend bien soin de moi là-haut, je me sens guidé dans la vie et sur le Camino, et je me sens appelé à avoir cette totale confiance en mes moyens.
"Les maux de tous les hommes proviennent de leur inaptitude à rester calmement dans une pièce seuls avec eux-mêmes." -Blaise Pascal-
Buen Camino
Raph
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Voici un "petit" texte de Papa sur son blogue en réponse à la fin du camino d'Elaine.
http://jemesouviensdetre.wordpress.com/2011/06/12/nul-nechappe-a-soi/#more-338
Vous y êtes tous invités
Raph
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samedi 11 juin 2011
Saisir l'insaisissable
Il y a un moment que je cherche à décrire ma "recherche" du moment présent. Ici en Espagne, j'ai vu des paysages féeriques défiler devant moi à toute allure...lorsque j'étais à pied! Comment alors puis-je véritablement profiter de ces purs moments de grâce, lorsque la montagne appelle rien de moins que ton âme?
Depuis 2 jours, je marche avec l'ange gardien d'Elaine , l'allemand Johannes, avec qui je m'entends très bien. J'étais très surpris de voir qu'il ne faisait pas de méditation car une réelle force et une paix émanent de lui.
Arrivant devant un paysage de pure "fantasmagorie" je lui ai proposé de méditer. Il a "appris" très vite et a même été une inspiration pour moi de simplement goûter ce moment très précieux.
Le verbe Être pour citer un petit oiseau cher à mon coeur, semble contenir la solution. Lorsqu'on fait silence en notre esprit, on se sent Vivre dans son sens le plus profond.
Le problème qui m'est souvent apparu est la notion du jugement de ce que je fais de bon ou pas. Je sens constamment le besoin de me juger dans ce que je fais, dans ce que je pense, dans ce que je dis, et je chasse parfois de mon esprit des pensées qui me déplaisent, elles en reviennent d'autant plus intensément.
Les pensées sont ce qu'elles sont et arrivent pour les multiples raisons qui les ont guidées jusqu'à mon esprit. Pour quelle raison chercherais-je donc à les juger?
La question, me disait Johannes, est, ai-je besoin de cette pensée? Si la réponse est négative, nul besoin de la combattre, mon ami allemand m'expliquait qu'il la mettait mentalement dans une sorte de tiroir lumineux dans lequel tout se dissipe et redevient simple énergie.
Je comprend mieux ta paix Johannes, et je te remercie de ce partage, peut-être d'autres personnes sauront-elles en bénéficier à présent.
Il n'y a nul jugement, il n'y a que ce qui Est.
Buen Camino...
Raph
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Solo tocar asi
(écrit le 10 juin)
Hier soir je remarquais un bonhomme bien particulier à l'albergue. Un vieil allemand avec une longue barbe blanche qui restait à l'albergue pour aider les hospitaleros. Chaque fois que je l'ai vu, il tenait le pied ou le genou ou l'épaule de quelqu'un et lorsque le déclic se fit ( la deuxième fois que je le vis) je compris qu'il était guérisseur. Je me disait: probalement du reiki, mais quelque chose semblait différent.
Ce matin, un peu avant de partir, je le vit et lui demandai (en espagnol, il ne parlait pas anglais) si ce qu'il faisait était du Reiki. Il répondit par la négative et enchaîna: "solo tocar asi" il toucha mon épaule droite sur mon trapèze.
Petit bond intérieur. Je n'ai Parlé à personne de ma douleur à lépaule droite au niveau du trapèze. Je balbutiai un début de question pour savoir s'il avait su le site de ma douleur. Il me répondit "si" avant que je termine. Cela dura 30 secondes environ. Cette Rencontre se termina par un large sourire de sa part.
Je vous laisse devinez l'état de mon trapèze.
Raph
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Un nouvel ami quadrupède
Je n'ai jamais été habile avec les chevaux, on m'a dit que si j'avais peur avec eux, ils pouvaient réagir et devenir violents. Alors j'ai toujours eu peur d'avoir peur avec eux, et le résultat était le même. Lorsqu'avec Elaine, je vis des chevaux sur le Camino, j'ai immédiatement voulu aller vers eux. Elaine me rappelait sagement que ces bêtes pouvaient réagir n'importe comment à un inconnu qui s'approche.
Aujourd'hui j'ai décidé que je ne serais pas sage, surtout lorsque je vis ce superbe équidé au pelage noir avec une éclatante tache blanche sur le front.
Je decidai d'approcher légèrement la bête. Elle me regardait sans grande emotion. À ce moment une petite prière vint à mon esprit. Je la récitai avec une certaine ferveur. Ma peur s'en retrouva amoindrie et, comme pour me le confirmer, le cheval s'approcha de moi de quelques mètres, comme pour m'accueillir dans son humble enclos. Lui et moi avons partagé un merveilleux moment de communion pendant lequel il se laissa flatter en bon gentleman. Lorsqu'il eut une petite réaction de recul je compris qu'il en avait eu assez et voulait retourner à son opération broutage.
J'en suis sorti avec un certain sentiment du devoir accompli.
Raph
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Le camino de la vie
(écrit le 9 juin)
Je suis fier de ma petite co-pèlerine, elle a donné tout ce qu'elle avait et à la fin, a su reconnaître ses propres limites. L'ayant vu aller tout ce temps je ne peux que reconnaître la difficulté du choix qui s'est imposé à elle et m'incliner devant la force qu'elle a renouvelé à chaque nouveau défi.
Cela constitue un nouveau départ pour chacun de nous.
Ainsi vais-je poursuivre la tenue de ce blog avec tout le Coeur que je peux y mettre. Peut-être saurai-je, par moment, m'inspirer de l'élégante plume d'Elaine, qui a si bien servi ce blog jusqu'ici.
Chère Elaine, bon retour et Buen Camino.
Raph, ton (votre) co-pèlerin pour cette vie.
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Ma Cruz de Ferro
(Plusieurs messages sont supposés être placés avant celui-ci mais avant d'avoir pu les envoyer avec mon ipod je prends le temps d'écrire celui-ci pendant que j'ai un ordi à disposition car je voulais vraiment ajouter une photo.)
La Croix de Fer est un symbole plutôt mythique du Chemin de St-Jacques de Compostelle. Elle est située entre Astorga et Ponferrada sur le pic d'une haute montagne. Depuis des décennies les gens apportent un fardeau (souvent une roche) de chez eux ou trouvé sur le Chemin et la laissent près de la fameuse Croix de Fer. Selon le tradition, cela permet d'expier ses péchés, et pour beaucoup cela signifie simplement un fardeau que l'on choisit de laisser derrière, car ce fardeau ne nous appartient plus.
Le fardeau que j'ai choisit d'apporter était on ne peut plus symbolique. Il représente quelque chose que je choisis de laisser derrière moi, car cela ne m'appartient pas/plus. Ma mère et mon père sont parmi les êtres que je chéris le plus dans cette vie. Ils m'ont donné l'Amour nécessaire à quelque enfant que ce soit pour s'épanouir. Je suis extrêmement reconnaissant pour tout ce qu'ils m'ont apporté dans ma vie et ce qu'ils continuent de m'apporter chaque jour. Malheureusement, leur amour l'un pour l'autre s'est éteint lorsque je n'avais que 3 printemps. J'ai souffert de leur séparation et des désagréments qui en ont suivi et ainsi en ai-je beaucoup pris sur moi, pas mal inconsciemment. Il y a de merveilleuses personnes dans ma famille qui ont su me conseiller de ne pas me sentir coupable ou de prendre sur moi quoique ce soit. Aujourd'hui c'est ce que j'ai fait, symboliquement, de vivre mon deuil de leur séparation et de leur laisser ce qui est le leur.
Sur l'image en haut à gauche: Une pierre trouvée sur mon Chemin entouré de deux colliers, les deux achetés à des moments différents, mais "coïncidemment" presque identiques, et provenant de voyages à Cuba; Des cadeaux de chacun de mes parents.
Le violet provient de mon Père
Le blanc provient de ma Mère
Ainsi sont-ils réunis sur la montagne comme dans mon Coeur.
Papa, Maman, je vous aime du plus profond de mon Coeur, et je vous laisse avec ce qui vous appartient.
Raph
vendredi 10 juin 2011
Saine et sauve
Le premier chemin, c'est la préparation au voyage. Et je vous le dit, c'est mystique, à partir du moment où on décide de partir, tout se met en place, tranquillement...
Le troisième et dernier chemin, c'est celui que l'on fait une fois de retour au bercailles, quand on regarde ses souvenirs, son credential remplis d'étampes, ses carnets de bords, ses photos... Et c'est ce chemin là, que je m'apprête à prendre.
Élaine
XxxxX
jeudi 9 juin 2011
À chacun son camino
À chacun son camino: pour moi, la marche s'arrête ici, tout simplement. Je sais que c'est une décision que je ne regretterai pas, malgré ce qu'on pourrait en penser. Disons qu'il est seulement temps pour moi de rentrer à la maison pour continuer le camino à ma façon. Je sais que plusieurs d'entres vous allez peut-être questionner mon choix, d'autres le juger, ou même encore chercher à le comprendre. Je vous pardonne. Je suis convaincue avoir pris la meilleure décision possible.
Durant ce merveilleux périple, j'ai vu des gens blessés ignorer leurs douleur et persévérer, j'ai vu des centaines de personnes parties à la recherche d'eux même. J'ai vu la ferveur religieuse qui irradie le monde d'une beauté surnaturelle mais j'ai aussi vu la dévotion qui punie et qui éteint les âmes. J'ai rencontré des nationalités dans toutes leurs particularités, des gens avec le cœur gros, d'autres avec le cœur sur la main, j'ai rencontré des anges gardiens et des bons samaritains à chaque fois que j'en si eu le besoin. On m'a parlé de Dieu comme une métaphore, comme d'un ami, comme un absolu ou encore comme de la musique. Je me suis rencontrée moi-même au travers de chaque moment, de chaque larme, chaque effort supplémentaire, chaque éclat de rire, chaque conversation brève, chaque instant de solitude, chaque bon repas en bonne compagnie, chaque seconde de réflexion. Et, ainsi, j'ai grandis. Bien sûre, tout ne fais que commencer. Je reviendrai, mon cher camino, pour finir ce que j'ai commencer.
Et, à travers tout cela, je ne peux que vous remercier, vous qui m'avez lu et supportés. Vous avez fait chaque pas avec moi dans cette aventure incroyable et merveilleuse! Je passe donc le flambeau des récits entièrement à mon ami très cher, Raphaël, qui saura sans doute me transporter un peu avec lui jusqu'à Santiago.
Buen Camino à Raph et à tout ceux que j'ai rencontré en chemin et qui ont changé ma vie.
Buen Camino à tous ceux qui font le chemin de la vie, à chacun des pas que vous faites dans le quotidien.
Et Buen Camino Élaine...
mercredi 8 juin 2011
Les petites douceurs de Léon
Quelle ne fut pas ma surprise de retrouver Elaine. J'ai dormi à Mansilla, je me pensais bien en avant d'elle. J'avais utilisé la sécheuse de l'albergue et je suis parti bien plus tard que d'habitude après avoir brillament laissé mon linge à sécher une nuit de pluie. Bref, j'ai oublié de payer pour la sécheuse et je m'en suis rendu compte 2km plus loin, je ne me suis pas trop posé la question et je suis revenu. Bref, c'est là que j'ai retrouvé Elaine et son "German Pack" qu'elle appelait.
Je me suis rapidement lié d'amitié avec Johannes avec qui j'ai beaucoup d'atomes crochus. On a marché ensemble pas mal tous les 20 km qui nous séparaient de Leon. On s'est fait dépasser par Elaine et un Quebecois, Bruno, qui se promenait déjà avec le "German Pack", lorsqu'on a pris une pause de 2 heures à discuter avec un italien très sympathique et cultivé (Gabriele).
Leon est magnifique, surtout la vieille ville, elle n'est surpassée que par la magnificence de sa cathédrale. Toujours est-il que j'avais dans l'idée de prendre une journée de pause à Leon et, pour ne pas perdre le groupe qu'on suit depuis le début, je me suis fait à l'idée de prendre le train demain jusqu'à Astorga, ce qui était le plan d'Elaine à la base... Assez amusant comment on se retrouve ensemble.
Ma chère co-pèlerine passe des moments plus difficiles que moi, ainsi vais-je la supporter de mon mieux pour le temps que nous serons ensemble, à commencer par ne pas trop prendre de temps à écrire ce message (elle m'attend pour partir) dans un petit magasin "Fax et Internet" où j'ai eu accès pour la première fois à un ordinateur.
Merci à tous de continuer de vous intéresser à notre petite aventure...
Raph
ATCHOUM!
J;ai retrouve Raphael hier matin dans un petit cafe ou je prenais le petit dejeuner avec mes nouveaux cmopagnons de voyage. Raphi avait oublier de payer quelque chose dans le cafe, comme la vie fait bien les choses! Nous nous sommes tous les deux arrètes a Leon pour la journee, et nous prendrons l;autobus ensemble pour sauter une cinquantaine de kilometres (deux jours de marche) demain, afin de continuer a marcher avec notre petit groupe.
Dans les derniers jours, j;ai vu beaucoup de gens decider d;arrèter le chemin et revenir l;annee prochaine pour terminer ce qu;ils ont entammes. Ca n;est quand meme pas une chose rare ici, le chemin n;est pas facile, physiquement ET mentalement. Bien sure, j;ai vu beaucoup de gens perseverer et decider de se rendre jusqu;au bout malgre tout, rassemblant toute la bravoure dont ils peuvent faire preuve. Mais ni une decision ni l;autre n;est mauvaise ici. Comme je disais, il y a le chemin que l;on parcours physiquement, et l;autre qui se fait a l;interieur de soi. Decider de partir, c;est aussi le chemin, car il faut accepter de piler sur son orgeuil pour revenir. Quoi qu;il en soit, quand le choix s;impose, aucune decision n;est meilleure, ni plus facile a prendre. Je souhaite a tous mes amis qui ont arrete de marcher la meilleure des chances et buen camino, de votre cote...
Demain, ce sera repos pour moi (en plus d;aujourd;hui) Apres 8 jours de marche difficile, mon corps a definitivement besoin de prendre conge, et je preferes prendre mon temps et prendre soin de moi plutot que de me presser a arriver a Santiago. D;autant plus qu;il faut bien qu;il guerisse, ce rhume! Johannes et un autre petit groupe d;ami consitue de deux allemands, une suedoise et un quebecois, m;attenderont là bas.
On a deja pres de la moitie de notre chemin de completé, et je vais vous avouer que rien ne s;arrange pour être facile ici, mais au travers des petites epreuves, on se fraye notre camino, et c;est la qu;on commence a grandir. Il s;agit d;aller a la rencontre de soi-meme, rien de moins. C;est deja une chose si grande, que peu importe le nombre de km parcourus (car certains ont 1800 kms dans les jambes arrives a Santiago), tout le monde est plus grands.
Je suis desolee pour les fautes, les claviers ici sont plus ou moins accomodants, il manque donc d;accents et d;apostrphes dans mon message, j;espere que le tout est tout de mème lisible...
La dessus je vous envoie mes meilleurs voeux de joie et de bonheur et je m;en vais me moucher...
Elaine
Xoxox
lundi 6 juin 2011
Should I Stay or Should I Go?
Salut à tous!
Je voudrais d'abord vous présenter Johannes, un ange qui m'est arrivé sur le chemin hier (je vous en ai parlé) et avec qui j'ai passé toute la journée d'aujourd'hui. Sur la photo, on est en train de boire du vin en carton qui en fait n'était vraiment pas bon. Si ça n'était pas de cet ami, je serais déconfiturée à l'heure qu'il est. C'est très agréable de passer du temps avec lui, de parier des cafés con leche et de l'entendre chanter Hakuna Matata en allemand. Son nom veut dire "the one who is sent from god" et il en est vraiment la définition pour moi sur le chemin. C'est un peu comme d'avoir un grand frère avec moi.
Ici, on dit qu'il y a deux caminos: celui physique, que des centaines de miliers de pèlerins empruntent chaque année, et celui intérieur, que nous seuls pouvons accomplir et c'est a travers celui là que l'on grandit. Mon camino a moi est très ardu à certains moments, et c'est un peu dure pour tout le monde d'en parler, de ce chemin secret que l'on prend à lintérieur de soi. Ne vous inquiétez pas, je vais bien, mais je vis ici des moments parfois très durs. Il faut avoir foi en le camino comme on peut avoir foi en la vie et se dire que tout est pour le mieux. Johannes a si bien su me donner courage qu'il n'est plus question pour moi de reculer: je vais me rendre à Santiago coûte que coûte. J'ai confiance en moi et je commence à avoir pas mal foi en le camino. D'ici 16 jours, soit dans 340 km, j'y serai.
Au fait mes jambes sont complètement remises, j'ai même marché 32 km aujourd'hui. Demain, on fait 24 km pour se rendre a Léon, une très grande et belle ville.
En attendant je vais essayer de dormir avec ce vieux allemand qui marmonne dans son sommeil à côté de moi et je vous souhaite une bonne journée de votre bord!
Ah oui et j'ai rencontré quelques québécois sur le chemin. Ça fait du bien d'entendre le mot Poutine par hasard et de se faire un nouvel ami comme ça.
Un dernier conseil: si vous allez en Espagne, n'essayez pas le vin en carton à 0,90 euros le litre. C'est vraiment dégeu.
Avec tout mon amour
Élaine +155 km
Le pèlerin en nous
Je m'offre une petite douceur, dans un "San Miguel" un café internet situé à Mansilla de las Mulas, je viens de lire avec émerveillement et émotion les e-mails que l'on m'a envoyé. Je n'ai que peu de mots pour y répondre etje crois que le plus gros, vous le lirez dans mes yeux à mon retour.
Votre amour, je le lis et le ressens dans vos e-mails, mais je le savoure dans chacun de ces petits moments de perfection dans la solitude, je l'inspire dans l'air de campagne qui m'entoure, je le réalise à chaque sourire que je croise.
Vous me manquez énormément, pourtant je sens que je ne manque de rien ici. Chaque jour apporte son lot de difficultés physiques et mentales, mais le Chemin nous transporte chaque fois comme si il n'existait rien d'autre que ce dernier sur Terre.
Comme vous le savez déja, Elaine et moi avons fait route à part( du moins physiquement) je ne m'inquiète vraiment pas pour elle, c'est une battante, bien entourée, de surcroît.
Demain je serai rendu à Léon, je songe à y prendre une journée de repos, pour mieux repartir ensuite. Pour ceux qui connaissent la problématique, mon genou va très bien, je fais des étirements 2 fois par jour, parfois des méditations qui favorisent la guérison, et puis je crois que ma jambe avait besoin de renforcir.
Hier, dans un minuscule village appelé Bercianos del Real camino, il y avait un événement qui regroupait les villages aux environs. Un grand regroupement dans une toute petite plaza, je me suis senti complètement envahi... Il y avait à peine 100 personnes. Je suis sur un "beat" totalement différent en ce moment. Je l'apprécie pas mal en fait. Peut-être que Léon saura ressusciter le citadin en moi, qui sait...
Merci encore pour vos mots d'encouragement et d'Amour, du fond du coeur.
Amicalement et pèlerinement,
Raph
Sent from my iPod
dimanche 5 juin 2011
Don't stop believing!
Je vous écrit depuis Sahagun, 24 km plus loin que Calzadilla de la Cueza. Je suis dans un petit bar, sur la terasse, avec une délicieuse coupe de vin devant moi et un nouvel ami à côté de moi. Son nom est Johannes, c'est un allemand de 22 ans. (enfin, quelqu'un de mon âge!) nous nous sommes rencontrés hier, mais nous nous sommes seulement salués dans le refuge. Notre vraie rencontre était aujourd'hui, il s'est assis à ma table dans le café où je me reposais et après l'élaboration de différentes théories sur comment voler des vélos pour descendre des pentes (en blaguant, of course) nous sommes devenus bon amis et avons décider de cheminer ensemble. Après beaucoup de marche solitaire, ça fait du bien de parler avec quelqu'un! (Zvechek, mon ami polonais, viens de se joindre à nous sur la terasse... Ça fait du bien de retrouver un ami, et c'est vraiment intéressant d'entendre Johannes et Zvechek parler de leur pays qui ont connus le communisme et subi la guerre. Voilà l'un des grands intérêts du camino francès! Maria, une espagnole que je soupçonne d'être en amour avec Zvechek nous a joint aussi.)
Ici, je parle surtout en anglais, parfois espagnol et un peu français. Mes amis parlent tous anglais "as a second language" alors les accents se mélangent et ça ajoute de la chaleur à la conversation.
Hier a été une très dure soirée, j'ai vraiment penser à abandonner le camino, j'étais si fatiguée, si solitaire, et je regardais les 30 jours qu'il me reste avant de revenir avec beaucoup d'appréhension. Merci à Julien, mon amoureux, pour ses encouragements, et ma mère aussi, pour avoir réussi a me calmer aussi, et Steeve, Ian et Pénélope pour la photo de grimaces (je vous ai présenté à tous mes amis avec la photo!). Ici, je parle par vidéo conférence avec mon amoureux et ma mère plusieurs fois par semaine, pour ceux qui l'ignorent, et je tiens a les remercier pour leur soutient très important pour moi! Merci aussi a tous ceux qui m'écrivent des courriels d'encouragement! J'ai également eu droit au support très apprécié de Annemeik (ça se dit anémique ahaha!) une pèlerine hollandaise de 60 ans et la très gentille serveuse du seul resto du village.
Mais aujourd'hui ça va quand même beaucoup mieux. D'abord, j'ai un nouvel ami avec qui je vais marcher pour les deux prochains jours, jusqu'à la très grande ville de Léon. Notre albergue est magnifique, on dort dans une église récupérée en refuge pour pèlerins, dans un deuxième étage construit pour l'occasion et tout près du l'alcôve du toit d'église. Parlant de ça, je vous avait dit que les refuges étaient d'énormes dortoires où on entend les gens ronfler allègrement? Ahaha! Parfois les gens se lèvent vers 5h du matin et commencent à se préparer... Ce que j'ai hâte de dormir dans l'intimité de ma chambre!
Pour m'encourager, je pense bien sûre à mon royale with cheese (hihi) mais aussi aux jours qu'il va me rester avant mon billet de retour, que je risque de passer sur le bord de la mer, à San Sebastian, et prendre quelques cours de surf là bas. San Sebastian étant à seulement 3 ou 4 heures de train de Bordeaux, ça serait parfait! Ça serait ma récompense.
Là dessus, je retourne a la bel far niete (sweet doing nothing in italian) avec mes amis multi ethniques et je vous donne d'autres nouvelles dans le prochain village (sauf si internet est introuvable)
Bonne journée! Merci de continuer de lire!
Élaine + 125 km
Ps: Raph est toujours quelques étapes avant. Et ma jambe va beaucoup mieux!
samedi 4 juin 2011
Are we there yet?
Le wifi est tout simplement inexistant dans le petit village ou je suis, village desaffecte dailleurs, et seulement habite par les pelerins et les tenanciers de l;Hotel-resto et de l;albergue... Ya dequoi se sentir seul au monde ici, pendant 5h aujourd;hui j;ai marche avec aucune ville devant, aucune ville derriere, ni sur les cotes... des champs de foin ou de ble pendant 5h... il y a de quoi se senitr dans le desert honnetement.
Pour ajouter a ma solitude, ce matin Rafiki et moi nous sommes dit au revoir, car il va a un bien plus grand rythme que moi et comme je marche tres lentement aujourd;hui (je vous explique pourquoi un peu plus loin), j;ai parcouru une moins longue distance que lui...
Ce qu;il y a c;est que j;ai tres mal a ma jambe droite, surtout quand je marche avec mon lourd sac. Raph m;a fait quelques techniques osteopathiques et il m;a montre quelques massages que je pouvais me faire, mais pour aujourdhui je devais absolument m;arreter. C;est un peu effrayant d;avoir mal comme ça, j;espere que je serai bien vite retablie pour rattrapper mes amis, par exemple Zvechek, le monsieur polonais, qui lui aussi a mal a un genoux de tout facon (aujourdhui il etait sur les pains killers par contre!). Nous nous sommes dit que nous nous rejoindrons demain dans la ville de Sahagun. En attendant, ici, pour moi c;est une grande solitude. Un village pratiquement desert, des allemands en majorite... et beaucoup de pensees a remuer. Et comme on dit ici: No pain, no glory! aha!
Par contre, hier nous avons eu droit a un petit speech des soeurs chez qui je restais (Raph n;etait pas la, il dormait dans un Hostal) qui etait tres touchant. Je ne sais pas si je crois en Dieu, je ne crois pas. Je ne crois pas pouvoir affirmer encore je suis capable de faire acte de Foi. C;est vraiment tres gros, la Foi. Ce n;est meme pas une question de religion ou rien, c;est meme une etape au dessus de la confiance. J;aimerais un jour etre capable d;une si grande chose... nous verrons, peut-etre que le chemin mapportera ca!
Merci a tous ceux qui nous ecrivent et aussi ceux qui nous lisent! C;est tellement un grand soutient psychologique pour moi! Merci a tous!
Veuillez noter que les messages de SPOT suivent Raph et pas moi. Alors vous devrez aller chercher vous emme sur google map pour savoir ou je me trouves. En ce moment: Calzadilla de la cueza.
Bonne journee!
Elaine qui va essayer de retablir ses jambes ce soir!
vendredi 3 juin 2011
Il y a grand et Il y a Grand.
En marchant hier, je remarquais mes pas très petits. Ma biomécanique est faite pour faire de plus grands pas, plier les genoux un peu plutôt que de les avoir droits tout le temps.
Je marche petit, mais aussi je pense petit, je vois petit bien souvent, je recherche le petit parfois, mon aiki est petit aussi. L'égo se voit petit et sa pensée suit nonchalemment dans nos petits automatismes.
Je suis grand mais je peux être Grand aussi. Me connecter à ce qui est Grand en chacun de nous. La Grandeur confiante mais la Grandeur dans l'humilité aussi.
Si je pense Grand, même dans les petites choses j'accomplirai la Grandeur.
Je fais le souhait de voir Grand pour le reste de ma vie et je vous souhaite de même.
À bientôt
Raph qui vous Aime
Sent from my iPod
Moments de grâce
Je vous écrit depuis un très beau parc, très tranquille, de la ville Carrion de los Contes. Il est 15h, cela fait donc environ 3h que je suis en ville. Le temps de m'installer, de prendre une douche et de nettoyer mon linge, me voilà dans ce parc calme pour écrire un autre chapitre de ce carnet de voyage en ligne... D'ailleurs, c'est un peu ma routine d'arrivée, ce qui fait en sorte que vous avez rarement des détails sur nos soirées pèlerines...
Tout d'abord, laissez-moi vous dire qu'un pèlerin, ça ne veille pas ben ben tard! Les portes des refuges ferment a 22h, et tout le monde se couche pas mal à cette heure-là. Par contre, les places où dormir coutent aux alentours de 5 ou 7 euros, alors on y va pour le côté économique, de toute façon on est tellement fatigués! L'autre bénéfice du pèlerin c'est ce qu'on appelle "le menu du pèlerin". Pour la modique somme de 8 a 10 euros, un repas complet comprenant deux plats principaux (vous avez bien lu, deux repas par personne!!!) un dessert, du vin et du pain a volonté... Le tout dans le même repas... Je vous avais dit que c'était épuisant ce camino?.. :)
Donc, le soir, on boit mucho vino. En général, un grand plaisir est de se trouver des excuses pour boire plus (le vin est très bon..!) la plus drôle que j'ai entendue jusqu'ici est: c'est bon pour les électrolytes sur le chemin! Aha!
Toujours sur un côté plus humoristique, hier, complètement épuisée, dans les derniers km de la journée, je me cherchais quelque chose pour me motiver et, dans un éclair de génie, j'ai éclaté de rire au milieu Dun silence qui durait depuis déjà plusieurs minutes: une fois à Santiago, je vais trouver un McDo et je vais commander "a Royal with cheese"!!! Ici, les fans de Tarantino comprendront peut-être mieux mon humour.
C'est difficile de partager ce qu'est le chemin. C'est une expérience non seulement unique au monde, mais aussi propre a chacun...
Continuez de nous écrire en tout cas! Si vous voulez nous écrire un courriel:
elaineleclaire@gmail.com
rduchesneau@gmail.com
Ça fait tellement de bien de vous lire..! Mine de rien, on se sent parfois très seuls ici.
Je vous aime et vous réécris bientôt!
Élaine
jeudi 2 juin 2011
Le camino... Enfin!
Depuis que nous sommes à Burgos, nous menons véritablement la vie de pèlerins telle que je la concevais. C'est extrêmement enrichissant de connaître tous ces pèlerins de tellement de cultures différentes. Le premier que nous avons rencontré s'appelle Russell, un britannique très bohème qui nous fait éclater de rire 5 fois à chaque 3 phrases qu'il prononce. Nous en avons rencontré des tonnes d'autres. Hollandais, Hongrois, Brésiliens, français, irlandais, acadiens!, canadiens, autrichiens, allemands, japonais... Un bouillon de culture en effervescence. Un réel plaisir!
Depuis deux jours, on se lève à 6 heures du matin et on part dès qu'on est prêts. Agrémenté de quelques pauses, nous avons marché un peu plus de 20 km chacun des deux jours. Et c'a a très bien été ( du moins pour moi). J'aurais pu décider d'aller plus loin les deux jours, mais j'ai préféré de me laisser du temps pour m'adapter. Par ailleurs je sens que tout ça me met plus en forme que d'habitude.
Lorsqu'on arrive à destination (dans le cas d'aujourd'hui c'est Castrojeriz) il nous reste beaucoup de temps pour faire ce dont on a envie, que ce soit méditer, visiter la ville, prendre un coupe de vin entouré de pèlerins. Tout ici encourage le ressourcement. La nature majestueuse qui nous entoure, les villages pittoresques dans lesquels nous logeons(celui d'hier, c' était un hameau de 76 habitants avec plus de maisons en ruines que de maisons habitées!) bref, aucun stress, plus facile alors d'être portés à l'introversion.
... À bientôt pour la suite ;)
Raph
Écrit le lendemain
Aujourd'hui, depuis Fromista. Une belle et longue journée, 6 heures de marche qui ont été rondement (25 km). Beaucoup de réflexions. Puis j'ai passé la journée avec un britannique appelé Paul et une slovaque Appelée Katerina, puis j'ai soupé avec élaine et des français, c'était de très beaux moments.
À bientôt :)
Sent from my iPod
Follow the yellow arrows path!
Pendant que je vous écris, Raph donne un petit cours de massages ostéopathiques dans mon dortoir à des français. L'ambiance d'entraide qui règne dans les refuges et sur la route est merveilleuse. Tout le monde ici a son bout d'histoire à partager, chaque personne a sa raison de marcher, sa manière de voir le chemin et la vie. Souvent, quand je suis en réflexion, je me dis, par exemple: Sur le chemin, comme dans la vie, il faut être dans le présent, focuser seulement sur maintenant et ne planifier que la prochaine étape, parce que de toute façon cette route nous mènera bien quelque part! Sur le chemin comme dans la vie... J'ai entendu deux peregrinas (pèlerines) parler tout à l'heure... Une d'elles a dit: " That's the camino, That's life!" et j'ai trouvé cela très vrai...
L'étape d'aujourd'hui était très éprouvante, 25 km environ, avec un sol très dur et beaucoup de côtes à monter! Je suis partie vers 6h15 de mon albergue et je ne suis arrivée à Fromista que vers 14h, ce fut une bien longue marche! Actuellement, j'ai mal partout...
Aujourd'hui j'ai préféré commencer ma marche seule, et cela a fait en sorte que je ne voyais personne ni derrière, ni devant, hormis quelques cyclistes qui passaient parfois, pendant 2 ou 3h... Malgré le fait qu'on est constamment en contact avec les pèlerins, on se sent un peu seuls au monde sur le chemin, car chacun vit sa propre expérience et chacun remue ses propres réflexions. Il demeure que je passe d'excellents moments en compagnie de mes nouveaux amis. Aujourd'hui j'ai fait la dernière moitié du chemin avec Zvetchen (j'écris son nom comme il se prononce), le pèlerin polonais dont je vous ai parlé dans le précédent message. On est comme un support moral pour l'autre, on marche souvent en silence mais au moins on a quelqu'un à qui parler quand on a une idée à partager. J'ai fait plus ample connaissance avec lui hier alors qu'il pensait abandonner le chemin. Il était assis sur un banc au soleil et je passais par là, on a parlé longtemps et je crois bien l'avoir convaincu de ne pas abandonner, d'autant plus que Raph l'a bien aidé avec son genou qui le faisait souffrir. Mais il faut persévérer ici, That's the camino, that's Life!
Au fait, la photo que je joins au message est le dernier effort du chemin d'aujourd'hui, un chemin de roches avec, à droite, el canal de castilla. 15 minutes avant notre arrivée à Fromista!
Le plus dur, sur le chemin, c'est que vous me manquez. C'est pour cela que je dois, à chaque moment, focuser sur le présent, sur les gens qui sont ici, et sur moi. Il reste tant de route à faire! L'aventure ne vient que de commencer. Déjà 65km de faits sur 500!
Allez, prenez soin de vous!
Élaine + 65km :-)
XoxoxoX
mercredi 1 juin 2011
L'albergue appartient à ceux qui se lèvent tôt!
Je vous écrit depuis l'albergue (refuge pour pèlerins de Castrojeriz, un petit village qui a plus qu'une rue, heureusement.
Je disais que l'albergue appartient à ceux qui se lèvent tôt parce qu'il est très difficile de se trouver une place dans une albergue après 2h PM..! La nuit passée était notre première nuit dans un refuge et... Heureusement que je me suis acheté des bouchons pour les oreilles, ça ronfle dans les dortoirs! Dans ces albergues, tout le monde est debout vers 6h15 AM, pas de grasse matinée quand on est un pèlerin!
C'est donc vers 6h35 que je fus sur "el camino", un peu avant le lever du Soleil avec le chant du coq et le gazouillement des oiseaux. C'était vraiment "too much" de voir le soleil se lever en demi cercle derrière les montagnes, éclairant les champs de blés avec le chant du coq... Un vrai cliché comme on les aime!
Raph et moi on ne marche pas souvent ensemble, on a chacun notre rythme, c'est bien comme ça. J'ai ainsi rencontré Mary, une dame Irlandaise et un autre monsieur au nom difficile à prononcer qui venait de Pologne. Vous aurez deviné que le camino francès est une genre de "terre internationale" où se mêlent les cultures et les manières de penser. J'adore le respect qui règne dans la communauté de pèlerins, c'est très enrichissant. Hier soir, j'ai soupé avec un curé, un médecin et un infirmier, tous les trois acadiens! Ça fait du bien d'entendre l'accent du pays!
Outre cela, mes réflexions font leur bout de chemin dans ma tête... Aujourd'hui le chemin m'a appris cette chose: sur le chemin comme dans la vie, on a deux choix: s'arrêter ou continuer. Des fois c'est mieux de s'arrêter, de prendre le temps... Mais il faut persévérer si on veut arriver au bout du chemin.
20 km de faits hier, 20 aujourd'hui et on en fait 24 demain! Je me sens en forme, ça va bien, on a une bonne drive (et le vent dans le dos!)
... Il y a plusieurs sens à cette devise compostellienne: The lighter the load, the softer the road!
Et pour finir, voici un petit bout de paysage!