Incroyable comment le temps nous glisse des mains à chaque seconde qui passe. On voudrait parfois tout arrêter, toujours conserver les mêmes habitudes, avec les mêmes personnes. On voudrait cesser de vieillir, garder les mêmes amis, rester amoureux toujours comme au premier six mois. On voudrait que la vie dure éternellement...
Tout aussi incroyable les gens qui ont défilé dans le paysage de mes perceptions, qui ont sillonné les méandres du Chemin à mes côtés, qui ont laissé des marques indélébiles dans cette vallée mnésique que constituent mes souvenir. Tout à fait incroyable quand on se rend compte qu'on ne les reverra peut-être jamais, alors qu'au dernier moment nous étions dans la certitude de se croiser à la prochaine borne. Incroyable comme je dois sans cesse m'adapter aux impondérables du chemin. Incroyable qu'il ne me reste que 7 jours de marche avant Santiago...
Une fois de plus, sur le Camino, comme dans la vie, se révèlent les difficultés et les joies de la vie mais en accéléré. Chaque fois que je dis au revoir à un pèlerin au moment de se séparer, je me demande si j'ai traité cette personne comme si je la voyais pour la dernière fois. C'est un défi en soi, et un apprentissage pour la vie.
Je me retrouve aussi confronté à ma propre impermanence et celle de la vie que j'ai toujours menée. Je pense à cette incroyable quantité de gens que j'ai connu et que je ne reverrai pas, certains que je pensais revoir bien souvent. Je pense à mes amis, avec qui tout change toujours un peu. Je pense à tout ces gens que je ne veux même pas imaginer perdre et qui s'en iront un jour. Je pense à mon propre temps sur Terre, et à ce je veux Accomplir dans cette vie, et au temps qui ne prends jamais de pause.
J'ai le choix d'y résister, à ce flot, de me frustrer de chaque bas perdu dans le lavage et séchage commun des pèlerins, de me plaindre pour chaque douleur ressentie, d'idéaliser une étape du chemin qui ne reviendra pas avec des pèlerins qui ne reviendront pas, tout comme je peux ignorer l'imminence du changement. Bien souvent cette réaction de ma part arrive sans que je m'en rende compte, mais le Camino a ça d'extraordinaire, je me vois agir et je m'observe penser plus que d'habitude, si bien que j'oriente ma pensée vers l'autre "solution":
Ainsi, j'ai aussi le choix de voir tous ces changements comme une danse, un spectacle perpétuel où chaque mouvement effectué n'est pas mieux ou pire que le dernier ou que le prochain mais qui recquiert, pour être totalement apprécié, une complète Attention de ma part.
Le flot nous emporte à coup sûr, simplement je préfère ne pas nager à contre-courant...!
À la prochaine danse!
Je vais me coucher, hasta mañana!
Raph
(écrit le 14 juin)
(édité le 15 juin)
Sent from my iPod
« Si nous nous tracassons continuellement sur ce qui arrive après, nous sacrifions l’occasion d’Être en relation avec ce qui se passe autour de nous. On ne peut jamais aller dans le futur. Lorsqu’on l’atteint, c’est devenu le présent. Alors, soit nous profitons de la vie au moment où elle se déroule, soit nous nous préparons constamment à en profiter. Apprécie donc le moment Présent. Lorsque tu as fait tout ce que tu pouvais faire, tu dois te détacher du résultat. Tu dois simplement Être, et laisser agir l’Univers tel qu’il se doit. Retourner dans le passé ne change rien, et t’inquiéter pour l’avenir ne t’es d’aucun secours. »
RépondreSupprimerParole d'une Sage Femme
(STRELECKY, John P., Le safari de la vie, Québec, Dauphin Blanc, 167 p.)