dimanche 7 août 2011

Un sentiment persistant

C'est très étrange pour moi de vous écrire ce message depuis mon ordinateur, ce co-chambreur, symbole incontestable de mes habitudes et de leur routine. D'habitude, j'écrivais plutôt dans une albergue, avant de me coucher, ou bien en plein milieu d'un petit coin de nature d'Espagne ou de France et écrit à une bien maigre vitesse compte tenu que je l'écrivais sur mon ipod. Tout se bouscule ici, les diverses choses à faire, les responsabilités, toutes les sources de stress on ne peut plus familières. Tout ça je le vis, et je le vois, mais je le vois avec des yeux totalement nouveaux. J'embarque aussi facilement qu'avant dans le tourbillon des habitudes, mais je me vois faire, je me vois aller. C'est vraiment un moment formidable d'abandonner ce qui ne me convient plus, de faire peau neuve dans mes mouvements routiniers. C'est un moment crucial, car cette lucidité peut partir aussi vite qu'elle est venue; à moi de travailler à la conserver. Il y a tellement de choses que j'ai tendance à faire, des actions que j'entreprends, qui ne me nourrissent pas du tout, et dont j'ai avantage à me déprendre. Je le comparerais un peu à sortir d'une relation amoureuse parfois malsaine pour soi. Au sortir de cette relation, on porte un regard tellement différent sur comment on a agit, et on critique de façon totalement différente notre façon d'agir. Arriver de voyage me donne un petit peu le même feeling.

Sur une autre note, arriver à Montréal était un grand plaisir: mes amis proches sont venus m'accueillir à l'aéroport et nous avons passé de bons moments ensemble depuis mon retour. Chaque personne que je revois me ré-enracine un peu plus dans ma nouvelle-ancienne réalité, mais aussi me remplit de joie car j'ai la chance d'être extrêmement bien entouré dans ma vie. Chacune de ces personnes a une grande importance dans ma vie, et je porte beaucoup d'amour à chacun d'eux, mais aussi j'ai une vision différente de chacun d'eux. Je sens que j'ai un peu moins besoin d'eux pour me sentir vivre. Je les aime autant, ça n'a pas changé, mais tout ce dont j'ai besoin émotionnellement est là en moi.

Tout cela est très positif, même si c'est teinté de la tristesse d'avoir terminé un si beau voyage, d'avoir quitté d'autres gens à qui je tiens, et qui sont des milliers de kilomètres au loin. Mais j'y retournerai. J'ai en bouche un goût de : "On revient quand?". Ainsi, à des moments plus difficiles dans ma vie, j'aurai toujours le choix de revenir en moi, et de voyager à l'intérieur: d'aller retrouver la simplicité et la joie du camino, de retrouver la quiétude et l'amour dans lequel baigne Lerab Ling ou de revoir des gens qui me manquent, que ce soit en Espagne, en France ou en Allemagne.

Voilà un été hors du commun qui me donne le sentiment d'avoir fait partie de quelque chose de tellement de plus Grand que moi. Comme s'il y avait une grande Oeuvre, dans lequel j'ai humblement ajouté mon petit coup de pinceau. Vous tous y avez contribué. J'ai eu le feedback de plusieurs lecteurs, parfois des gens à qui je ne m'attendais pas du tout, ainsi il doit y en avoir encore plus que je m'imagine et je ressens beaucoup de gratitude à votre égard. Tout au long de mon périple, c'est avec vous que j'avais un contact privilégié, et c'est avec vous que je me suis accroché à la rampe de mon propre escalier. Je vous remercie de cet intérêt que vous avez renouvelé et je ne peux que saluer votre affection par la mienne propre.

Il y a plusieurs d'entre vous que je n'ai pas encore revu, j'aurai la chance de partager avec vous de façon un peu différente mes impressions sur mon voyage ainsi que ma joie de vous revoir.
Ça sonne comme une fin logique pour ce blog, cet excellent outil de communication mais qui s'est avéré un exutoire et un moyen extraordinaire de revoir mon propre cheminement et de me découvrir moi-même.

Un grand merci à tous!
Thanks to everyone!
Muchas Gracias à todos!
Toukjé shyé!
Arigato Gozaimasu!
Danke Schön!

... et au revoir!

Raph

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